La Pagani Zonda Riviera incarne la quête absolue de l’exclusivité dans l’univers des hypercars. Né en 2017 d’une transformation radicale d’un Zonda F de 2006, cet exemplaire unique appartient à la prestigieuse série 760, ultime évolution d’un modèle devenu légende. Avec moins de 900 kilomètres au compteur et des estimations dépassant les 10 millions de dollars, la Riviera illustre parfaitement l’appétit insatiable des collectionneurs pour les créations artisanales de la marque italienne.
D’un Zonda F à la Riviera : l’histoire d’une transformation
2006-2017 : le parcours d’une Zonda F
L’histoire de la Riviera commence en 2006, lorsque Pagani produit un Zonda F dans sa configuration d’origine. Ce modèle, déjà exceptionnel à l’époque avec ses 602 chevaux, va connaître une seconde vie onze ans plus tard.
En 2017, la voiture est retournée à l’usine de San Cesario sul Panaro, en Italie, pour une refonte complète. L’objectif : transformer ce Zonda F en un exemplaire de la série 760, dernière évolution du modèle pensée pour repousser encore les limites de la personnalisation.
Cette transformation prend plusieurs mois et touche pratiquement tous les éléments du véhicule, de la carrosserie à la mécanique en passant par l’habitacle. Le résultat final porte le nom de Riviera, en hommage à la Côte d’Azur française.
La philosophie des Zonda 760 : des one-off sur mesure
La série 760 représente l’apogée de la philosophie Pagani : créer des voitures entièrement uniques, adaptées aux désirs précis de chaque propriétaire. Contrairement aux modèles de série classiques, chaque Zonda 760 constitue un projet à part entière.
Horacio Pagani et son équipe acceptent de transformer d’anciens Zonda pour leur donner une seconde jeunesse, souvent plus radicale que la première. Ces reconstructions permettent aux propriétaires d’obtenir une voiture techniquement plus aboutie et visuellement incomparable.
À ce jour, au moins 16 exemplaires de Zonda 760 ont été produits ou transformés, chacun portant un nom spécifique : LM, RS, Aether, HP Barchetta… La Riviera s’inscrit dans cette lignée prestigieuse comme l’un des modèles les plus reconnaissables.
Design et carrosserie : blanc nacré et carbone
Une livrée inspirée par la Riviera française
L’esthétique de la Zonda Riviera frappe immédiatement. La carrosserie arbore un blanc métallisé nacré qui contraste avec de nombreux éléments en carbone brillant. Cette combinaison crée un jeu de textures particulièrement spectaculaire sous la lumière.
Des touches de bleu royal apparaissent sur les jantes, certains détails de carrosserie et les flancs du véhicule. Ces accents chromatiques renforcent l’identité méditerranéenne de la voiture, évoquant le ciel azur et la mer de la Côte d’Azur qui lui a donné son nom.
Le résultat final dégage une élégance rare pour une hypercar aussi radicale, équilibrant agressivité technique et raffinement artistique.
Aérodynamique et éléments en carbone
Tous les panneaux de carrosserie ont été remplacés lors de la transformation. La Riviera reçoit ainsi des éléments en fibre de carbone spécifiquement conçus pour améliorer l’aérodynamique et réduire le poids.
L’avant adopte de nouveaux canards latéraux et un splitter redessiné qui augmentent l’appui sans compromettre le refroidissement. Les élargisseurs d’ailes avant, également en carbone apparent, donnent une présence plus imposante.
Le toit intègre une prise d’air spécifique et un aileron de requin (shark fin) qui canalisent le flux d’air vers l’arrière. L’élément le plus spectaculaire reste l’aileron arrière surdimensionné, accompagné d’un diffuseur monumental qui maximise l’effet de sol.
Ces modifications ne sont pas que cosmétiques : elles transforment le comportement dynamique du véhicule à haute vitesse.
Moteur et performances : le V12 atmosphérique de 750 ch
Le V12 Mercedes-AMG 7,3 litres
Sous le capot arrière bat le cœur de toutes les grandes Zonda : un V12 7,3 litres d’origine Mercedes-AMG, référencé M297. Ce bloc atmosphérique, dérivé des programmes motorsport d’AMG, délivre dans sa configuration Riviera une puissance de 750 chevaux.
Certaines sources mentionnent 602 chevaux, mais cette confusion provient probablement de données liées à l’ancienne configuration Zonda F. La transformation 760 inclut systématiquement des optimisations mécaniques qui portent la puissance à 750 ch, avec un couple atteignant 760 Nm.
L’absence de turbocompresseur garantit une réponse instantanée à l’accélérateur et une linéarité parfaite jusqu’au rupteur fixé à 8 000 tr/min. Cette philosophie du moteur atmosphérique devient de plus en plus rare et précieuse dans le monde des hypercars modernes.
Transmission et châssis
La puissance est transmise aux roues arrière par une boîte séquentielle XTRAC à 7 rapports, spécialement renforcée pour encaisser le couple du V12. Ce type de transmission offre des changements de vitesse ultrarapides tout en conservant une certaine implication du conducteur.
Le châssis monocoque en carbone-titane garantit une rigidité exceptionnelle tout en maintenant le poids total sous la barre des 1 250 kg. Ce rapport poids/puissance favorable place la Riviera dans une catégorie à part, même comparée aux hypercars modernes dotées de technologies hybrides.
Performances annoncées
Bien que Pagani n’ait jamais communiqué de chiffres officiels pour la Riviera, les performances attendues découlent directement de celles du Zonda F et des améliorations apportées.
Le 0 à 100 km/h est franchi en moins de 3,5 secondes, tandis que la vitesse maximale dépasse les 350 km/h sur circuit. Ces chiffres impressionnants s’accompagnent d’une maniabilité et d’un équilibre que seules les voitures artisanales italiennes savent offrir.
La ligne d’échappement sur mesure amplifie la sonorité déjà mythique du V12 AMG, transformant chaque accélération en expérience sensorielle inoubliable. Les témoignages de ceux qui ont entendu la Riviera en action évoquent une symphonie mécanique sans équivalent.
Intérieur : luxe artisanal et finitions exclusives
L’habitacle de la Zonda Riviera reflète l’obsession du détail propre à Pagani. Les sièges baquets sont habillés d’un mélange d’Alcantara bleue et de cuir noir, reprenant les codes chromatiques extérieurs.
Le reste de l’habitacle mêle cuir noir somptueux, carbone mat et aluminium poli. Chaque surface, chaque commande témoigne d’un travail manuel minutieux. Les cadrans analogiques et les nombreux boutons physiques confèrent une ambiance résolument mécanique, presque steampunk.
Un badge personnalisé rappelle le statut de one-off de cette Riviera. Contrairement aux habitacles minimalistes des hypercars modernes, Pagani assume une richesse visuelle qui fait de chaque trajet une célébration du savoir-faire artisanal italien.
Les panneaux de portes, le volant et la console centrale reçoivent également des finitions exclusives impossibles à retrouver sur un autre exemplaire. C’est cette approche totalement personnalisée qui justifie en partie la valorisation exceptionnelle du modèle.
Valeur et marché : une cote en pleine explosion
De 5,5 à 13 millions de dollars en quelques années
La Pagani Zonda Riviera a connu une trajectoire financière vertigineuse. Lors de sa première vente publique en novembre 2019, elle a changé de mains pour 5,5 millions de dollars lors d’une enchère à Riyad, en Arabie saoudite.
Cinq ans plus tard, les estimations ont explosé. En décembre 2024, RM Sotheby’s a proposé la voiture aux enchères à Abu Dhabi avec une fourchette entre 9,5 et 10,5 millions de dollars. Début 2025, lorsque la Riviera est réapparue chez le concessionnaire allemand Amian Collection Cars, certains analystes évoquaient même une valorisation atteignant 13 millions de dollars.
Cette envolée spectaculaire s’explique par plusieurs facteurs : la rareté absolue des Zonda disponibles, l’augmentation générale du marché des hypercars italiennes et surtout les ventes record qui ont marqué 2024. Une Zonda 760 LM Roadster s’est notamment vendue pour plus de 11 millions de dollars fin 2024, établissant un nouveau plancher pour les modèles 760.
Kilométrage ultraconfidentiel et état neuf
Un élément majeur dans la valorisation de la Riviera reste son kilométrage ridicule. Selon les sources et les périodes, le compteur affiche entre 564 et 907 kilomètres. Pour une voiture de 2017 transformée, c’est pratiquement l’état neuf.
Cette préservation exceptionnelle s’explique par le profil de ses propriétaires successifs : collectionneurs fortunés, dont un prince saoudien, qui considèrent ces voitures comme des œuvres d’art davantage que comme des machines à conduire.
La Riviera a transité entre plusieurs concessions de très haut standing, de Dubaï à l’Allemagne en passant par l’Arabie saoudite, sans jamais être réellement exploitée. Chaque trajet documenté constitue presque un événement en soi.
Faut-il encore espérer acquérir une Zonda aujourd’hui ?
La question revient souvent chez les passionnés : peut-on encore acheter une Pagani Zonda en 2025 ? La réponse est complexe.
Les Zonda disponibles à la vente publique se comptent sur les doigts d’une main. La plupart appartiennent à des collectionneurs qui n’ont aucune intention de s’en séparer. Quand un exemplaire apparaît sur le marché, comme la Riviera, les prix atteignent des sommets qui réservent l’accès à une élite financière restreinte.
Pour les propriétaires actuels de Zonda classiques, le programme de transformation 760 reste théoriquement accessible. Pagani accepte encore de reprendre certains exemplaires pour les faire évoluer, moyennant un investissement conséquent et plusieurs mois d’attente.
La Riviera symbolise parfaitement l’après-vie exceptionnelle du modèle Zonda. Alors que la production officielle s’est achevée en 2011, Pagani continue de faire vivre la légende à travers ces projets one-off qui repoussent sans cesse les limites de l’exclusivité.
Chaque Zonda 760 qui apparaît ravive la flamme d’un modèle devenu mythique, prouvant qu’une hypercar peut transcender son époque pour devenir un objet de désir intemporel. La Zonda Riviera, avec sa robe blanc nacré et son V12 hurlant, incarne cette vision artisanale où l’automobile rejoint l’art. Pour ceux qui en rêvent sans pouvoir l’acquérir, elle reste un témoignage fascinant de ce que la passion automobile peut produire de plus extrême.
