Pagani Zonda Oliver Evolution : la plus extrême

La Pagani Zonda Oliver Evolution incarne ce qui se fait de plus radical dans l’univers des supercars italiennes. Commandée en 2016 par un collectionneur japonais pour son fils de 9 ans, cette 760 RS hautement modifiée se présente comme la version routière la plus proche de la légendaire Zonda R. Aileron double démesurément imposant, aérodynamisme poussé à son paroxysme, mécanique atmosphérique de 760 chevaux : cette machine repousse les limites déjà folles de la famille Zonda.

Une histoire chaotique et fascinante

Du berceau à la renaissance

L’histoire de ce châssis commence bien avant 2016. Cette Zonda naît en 2004 sous la forme d’une C12 S 7.3 habillée en Grigio Montecarlo avec intérieur en cuir noir. Une voiture déjà exclusive, mais qui allait connaître plusieurs vies successives.

Vers 2009, après un premier accident, le châssis est entièrement reconstruit. Pagani en profite pour transformer la voiture en version F avec des composants de la Zonda Cinque. Baptisée GJ, elle arbore alors un habillage en carbone satiné, puis brillant après une nouvelle finition.

Mais l’aventure ne s’arrête pas là. En 2015, nouveau crash. Cette fois, la reconstruction donne naissance à quelque chose de totalement différent : la Zonda Oliver Evolution, dévoilée en 2016. Le châssis d’origine a traversé trois incarnations distinctes pour devenir l’une des Zonda les plus spectaculaires jamais construites.

Les évolutions de 2022 : la touche Hermès

Six ans après sa naissance, la Oliver Evolution connaît une nouvelle transformation esthétique majeure. En 2022, le propriétaire décide de rehausser encore le niveau de raffinement.

La livrée passe à un carbone argenté mat qui sublime les formes agressives de la carrosserie. L’intérieur est entièrement retapissé en cuir Hermès noir avec des motifs exclusifs entre les appuie-têtes. Les grilles d’aération reçoivent un monogramme Hermès sur mesure, ajoutant une touche de luxe parisien à cette furie italienne.

Les bandes tricolores qui ornaient auparavant la carrosserie disparaissent pour laisser place à une esthétique plus épurée. Les jantes adoptent une finition diamond cut qui accentue leur présence visuelle. Même la plaque nominative est remplacée pour refléter cette nouvelle identité.

Ce qui rend la Oliver Evolution si particulière

Une base 760 RS poussée à l’extrême

La série 760 représente l’aboutissement ultime de la lignée Zonda. Ces versions one-off reprennent la mécanique et une partie de l’architecture de la Zonda R, cette version piste non homologuée qui développait déjà plus de 750 chevaux.

La Oliver Evolution s’appuie sur la variante 760 RS, elle-même une interprétation routière de la R. Mais là où les autres 760 conservent une certaine retenue, la Oliver pousse chaque curseur au maximum. Son propriétaire voulait la Zonda ultime pour piste, capable de rivaliser avec les chronos de voitures de course tout en restant légalement utilisable sur route.

Résultat : une voiture qui, selon le pilote d’usine Toyota et champion GT500 Akira Iida, offre le comportement le plus affûté et le plus proche d’une Zonda R qu’il ait jamais expérimenté.

Un aileron hors norme conçu pour la piste

L’élément le plus frappant de la Zonda Oliver Evolution reste sans conteste son aileron arrière. Contrairement aux autres 760, celui-ci adopte une architecture double entièrement réalisée en fibre de carbone.

Deux éléments latéraux massifs sont directement fixés aux ailes arrière, chacun équipé de plaques d’extrémité démesurées qui encadrent l’arrière de la voiture. Au centre, un troisième aileron vient compléter le dispositif, directement inspiré de celui de la Zonda Revolucion.

Cet ensemble aérodynamique a été développé avec l’aide d’un ingénieur champion du monde GT. Objectif : générer un appui maximal pour plaquer la voiture au sol dans les virages rapides. Les essais menés sur le circuit de Fuji lors du Pagani Raduno japonais ont validé l’efficacité de ce dispositif spectaculaire.

Autres éléments aérodynamiques exclusifs

L’aileron arrière n’est que la partie la plus visible d’un travail aérodynamique complet. Le capot moteur en carbone intègre deux larges sorties d’air qui évacuent la chaleur du V12. Une ailette centrale vient aussi stabiliser les flux.

Sur le toit, une prise d’air directement inspirée de la Zonda Cinque alimente le moteur en air frais. À l’avant, des prises d’air empruntées à la Zonda LM optimisent le refroidissement des freins et de la mécanique.

Enfin, des winglets latéraux positionnés devant les roues arrière génèrent de l’appui supplémentaire tout en canalisant l’air vers l’arrière. Chaque élément a été pensé pour maximiser la performance en piste sans compromettre l’utilisabilité routière.

Performances et mécanique : la violence brute

Le V12 7.3 litres AMG : 760 ch de fureur

Sous le capot arrière trône le mythique V12 atmosphérique de 7,3 litres préparé par AMG. Pas question d’adopter le V12 6 litres biturbo de la Huayra : la Oliver reste fidèle à l’ADN originel de la Zonda.

Ce moteur développe exactement 760 chevaux, d’où la dénomination 760 de cette série. Mais au-delà des chiffres, c’est surtout la montée en régime hystérique et la sonorité déchirante de ce bloc atmosphérique qui marquent les esprits.

La puissance est transmise aux roues arrière via une boîte manuelle à 6 rapports. Un choix délibéré du propriétaire qui privilégie l’engagement de conduite à la facilité d’une boîte séquentielle. À noter que la version Oliver Roadster, dévoilée en 2019, opte elle pour une transmission séquentielle à 7 rapports.

Les performances sont à la hauteur de la démesure visuelle. Bien que Pagani ne communique pas de chronos officiels, on estime le 0 à 100 km/h sous les 3,5 secondes et la vitesse maximale au-delà des 350 km/h.

Une voiture pensée pour le circuit

La validation ultime de la Zonda Oliver Evolution s’est déroulée sur l’exigeant circuit de Fuji Speedway, lors du rassemblement annuel Pagani Raduno organisé au Japon. Au volant : Akira Iida, pilote d’usine Toyota et champion GT500.

Son verdict sans appel : cette voiture offre le meilleur comportement dynamique qu’il ait jamais ressenti sur une Zonda, et se rapproche au plus près des sensations procurées par la Zonda R de course. L’appui aérodynamique, le grip mécanique et la précision de la direction en font une arme redoutable sur piste.

Pourtant, contrairement à la R qui reste cantonnée aux circuits, la Oliver conserve son homologation routière. Elle peut légalement circuler sur route ouverte, même si son terrain de jeu naturel reste clairement les tracés sinueux des plus beaux circuits du monde.

Un collectionneur visionnaire et son fils

Commandée pour Oliver, 9 ans

L’anecdote la plus surprenante autour de cette Zonda reste les circonstances de sa commande. Le propriétaire, un collectionneur japonais établi à Tokyo et considéré comme l’un des plus importants clients de Pagani dans le monde, a commandé cette voiture pour son fils Oliver, alors âgé de seulement 9 ans.

Difficile de savoir si l’enfant pourra effectivement piloter cette bombe de 760 chevaux une fois majeur, mais le geste témoigne de la passion automobile qui anime cette famille. Baptiser une Zonda unique du prénom de son fils relève d’une démarche profondément personnelle et affective.

Cette commande illustre aussi la relation particulière qu’entretient Horacio Pagani avec ses clients les plus fidèles. Plutôt que de refuser une demande inhabituelle, le constructeur italien a relevé le défi en créant l’une des Zonda les plus abouties techniquement.

Une collection qui s’étoffe : la Oliver Roadster

L’histoire ne s’arrête pas à la version coupé. En 2019, lors du dîner privé Pagani où fut dévoilée la Zonda Venti, le même propriétaire a présenté la Oliver Roadster, version découvrable de sa machine.

Cette seconde Oliver reprend tous les éléments aérodynamiques et esthétiques du coupé, mais troque la boîte manuelle contre une transmission séquentielle à 7 rapports. La carrosserie affiche un carbone apparent qui sublime les courbes sensuelles de la Zonda à ciel ouvert.

Posséder deux versions d’une même Zonda personnalisée témoigne du niveau d’investissement et de passion de ce collectionneur. Peu de propriétaires peuvent se targuer d’avoir commandé plusieurs one-off Pagani portant le même nom.

La Oliver Evolution dans la culture populaire

Au-delà des circuits et des rassemblements automobiles, la Zonda Oliver Evolution a fait une brève mais remarquée apparition au cinéma. Dans le film The Batman sorti en 2022, on aperçoit cette Zonda dans le garage du maire de Gotham, Don Mitchell Jr.

Même si l’apparition reste furtive, le choix de cette voiture pour incarner la collection d’un personnage puissant et fortuné n’est pas anodin. La Oliver incarne parfaitement le mélange d’exclusivité, de puissance et d’extravagance recherché pour ce type de scène.

Cette présence cinématographique ajoute une dimension culturelle supplémentaire à une voiture déjà légendaire dans les cercles de collectionneurs.

Pourquoi la Zonda refuse de mourir

La production officielle de la Zonda s’est officiellement terminée en 2011, après plus d’une décennie de carrière. Pourtant, en 2025, des exemplaires uniques continuent de sortir de l’atelier de San Cesario sul Panaro.

La Oliver Evolution incarne parfaitement cette philosophie Pagani : tant qu’un client dévoué souhaite une Zonda personnalisée, Horacio et son équipe restent capables de la produire. Chaque commande devient l’occasion de repousser les limites techniques et esthétiques du modèle.

Cette approche artisanale explique pourquoi certains collectionneurs préfèrent encore la Zonda à la Huayra, pourtant techniquement plus moderne. La Zonda représente une époque révolue de l’automobile, où la personnalisation extrême et le moteur atmosphérique règnent en maîtres.

Avec la Oliver, ce refus de standardiser atteint son apogée : une voiture née trois fois, modifiée selon les envies de son propriétaire, portant le prénom d’un enfant, et offrant des performances dignes d’une voiture de course. Voilà ce que signifie posséder une Pagani.

La Zonda Oliver Evolution continuera probablement d’évoluer au fil des années, au gré des demandes de son propriétaire. Car chez Pagani, rien n’est jamais définitivement figé. Chaque voiture vit, respire et se transforme avec celui qui la possède.

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koessler.buisness@gmail.com
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