Imaginez une hypercar de piste légendaire, rendue légale pour la route. Un exemplaire totalement unique, habillé de carbone noir intégral, propulsé par un V12 atmosphérique de 7,3 litres développant 760 chevaux. La Pagani Zonda 760 RS incarne cette promesse rare : transformer la radicale Zonda R en monstre domestiqué, capable de rouler légalement sur route ouverte tout en conservant son ADN de compétition.
Qu’est-ce que la Pagani Zonda 760 RS ?
Une version routière de la mythique Zonda R
La Pagani Zonda 760 RS est née en 2012 d’une demande aussi simple qu’ambitieuse : adapter la redoutable Zonda R, cette bête de piste non homologuée, pour un usage routier. Le « R » dans son nom fait référence à la Zonda R dont elle hérite l’esprit radical, tandis que le « S » signifie Street, pour souligner sa légalité routière.
Cette voiture représente le premier exemplaire de la série 760, une gamme ultra-exclusive de Zonda construites sur mesure pour quelques clients triés. Contrairement à ses cousines qui ont souvent été modifiées à partir de modèles existants, la 760 RS a été assemblée intégralement dès l’origine selon ces spécifications extrêmes.
Le projet s’inscrit dans la philosophie Pagani du one-off, ces créations uniques pensées pour répondre aux désirs spécifiques d’un collectionneur fortuné. Horacio Pagani et son équipe ont ainsi relevé le défi technique de rendre routière une voiture pensée exclusivement pour le chronomètre.
Un exemplaire totalement unique
La Zonda 760 RS est un modèle absolument unique. Un seul exemplaire existe dans le monde, ce qui en fait l’une des Pagani les plus rares jamais construites. Cette exclusivité la distingue radicalement des autres versions de la série 760 comme la 760 LH de Lewis Hamilton ou la 760 LM au look tricolore.
Première voiture construite dans les spécifications 760, elle a posé les bases esthétiques et mécaniques que les modèles suivants ont ensuite déclinées selon les souhaits de leurs propriétaires respectifs. Son statut de prototype abouti lui confère une aura particulière dans l’univers déjà confidentiel des hypercars italiennes.
L’identité du propriétaire demeure d’ailleurs un mystère soigneusement préservé, ajoutant au caractère énigmatique de cette machine noire qui apparaît rarement en public.
Caractéristiques techniques et performances
Le moteur V12 AMG de 7,3 litres
Sous le capot arrière de la 760 RS trône un V12 atmosphérique Mercedes-AMG de 7 291 cm³, le même bloc M297 qui équipait notamment la légendaire Mercedes-Benz CLK GTR. Ce moteur développe 760 chevaux à environ 6 200 tr/min et délivre un couple colossal de 780 Nm à 4 000 tr/min.
L’absence de turbocompresseur garantit une réponse instantanée à l’accélérateur et surtout, cette sonorité inimitable qui fait la réputation des Zonda. Le hurlement grave et métallique de ce V12 poussé dans ses derniers retranchements constitue l’une des signatures acoustiques les plus reconnaissables du monde automobile.
Ce moteur représente l’aboutissement d’années de collaboration entre Pagani et AMG, une mécanique éprouvée et fiabilisée malgré sa puissance démesurée. Pour un usage routier, c’est une démonstration de force brute rarement égalée dans l’univers des supercars atmosphériques.
Des performances dignes d’une supercar de piste
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La Zonda 760 RS abat le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, une performance qui la place au niveau des hypercars modernes malgré sa conception antérieure à 2015. Le 0 à 200 km/h est bouclé en moins de 9 secondes, tandis que la vitesse maximale avoisine les 360 km/h.
Ces performances s’expliquent par un rapport poids-puissance exceptionnel. Avec une masse contenue autour de 1 200 kg grâce à sa construction intégrale en matériaux composites, chaque cheval-vapeur n’a que très peu de kilos à mouvoir.
La transmission repose sur une boîte de vitesses séquentielle à six rapports, permettant des changements de rapport en moins de 100 millisecondes. Ce choix technique diffère de celui retenu par Lewis Hamilton pour sa 760 LH, qui avait exigé une boîte manuelle traditionnelle pour le plaisir de conduite.
Construction et aérodynamique
La structure de la 760 RS fait appel au carbo-titanium, un composite associant fibre de carbone et titane pour optimiser le ratio rigidité-légèreté. Cette technologie, utilisée notamment sur la Zonda Cinque, offre une résistance supérieure à la fibre de carbone classique tout en réduisant encore le poids.
Les appendices aérodynamiques sont directement inspirés de ceux de la Zonda Cinque : un becquet avant proéminent, des extracteurs latéraux sculptés, un diffuseur arrière sophistiqué et un imposant aileron réglable. À haute vitesse, ces éléments génèrent un appui considérable, permettant de conserver une stabilité remarquable malgré la puissance disponible.
Les freins en carbone-céramique de 380 mm à l’arrière et les jantes en magnésium forgé complètent un ensemble technique pensé pour l’extrême, aussi bien sur circuit que sur route.
Design et identité visuelle
Une esthétique tout en carbone noir
La Pagani Zonda 760 RS arbore une livrée intégrale noir carbone, à l’intérieur comme à l’extérieur. Cette finition minimaliste tranche avec les couleurs flamboyantes souvent associées aux hypercars italiennes. Le carbone apparent en finition mate accentue le caractère brut et technique de l’ensemble.
L’habitacle prolonge cette philosophie monochrome avec des sièges baquets enveloppants recouverts de cuir et d’Alcantara noirs, un volant gainé de la même matière, et une planche de bord sculptée dans la masse où l’aluminium usiné dialogue avec le carbone.
Cette sobriété chromatique n’est pas un manque d’imagination, mais un parti pris esthétique fort. Elle souligne la fonction plutôt que l’apparat, rappelant l’origine compétition de la voiture tout en lui conférant une élégance discrète et intemporelle.
Les détails qui font la différence
Plusieurs éléments distinguent visuellement la 760 RS des autres Zonda. Les optiques avant, initialement finies en noir, ont ensuite été anodisées en argent avant de revenir au noir lors d’un passage au Royaume-Uni. Ce type de personnalisation continue illustre la relation évolutive entre Pagani et ses clients.
Le becquet arrière bipartite, hérité de la Cinque, se dresse fièrement au-dessus du capot moteur vitré. Les quatre sorties d’échappement centrales disposées en carré crachent une symphonie mécanique qui fait partie intégrante de l’expérience sensorielle.
Les prises d’air latérales surdimensionnées alimentent le V12 en oxygène tout en sculptant les flancs de la carrosserie. Chaque courbe, chaque appendice répond à une fonction aérodynamique précise, sans fioriture inutile.
Comparée à la Zonda R dont elle s’inspire, la 760 RS adopte une posture légèrement plus civilisée avec une garde au sol rehaussée pour l’usage routier et des pare-chocs conformes aux normes d’homologation, sans pour autant sacrifier son allure agressive.
La série 760 : contexte et autres modèles
Comprendre la gamme Zonda 760
La série Zonda 760 regroupe cinq modèles principaux construits entre 2012 et 2022, chacun répondant aux souhaits spécifiques d’un client fortuné. Tous partagent le même moteur V12 de 7,3 litres développant 760 chevaux et 780 Nm, d’où leur dénomination commune.
Cette gamme incarne la philosophie Pagani du sur-mesure absolu. Chaque 760 est un one-off, une création unique qui ne sera jamais reproduite à l’identique. Les clients, triés sur le volet après parfois deux ans d’attente, collaborent étroitement avec Horacio Pagani pour définir chaque détail de leur machine.
Outre la 760 RS, la série comprend notamment la 760 LH de Lewis Hamilton avec sa livrée violette et sa boîte manuelle, la 760 LM avec ses phares LED spécifiques et son hommage aux 24 Heures du Mans, la 760 KAQ en carbone nu commandée par un client de Dubaï, et la 760 Roadster dévoilée en 2022.
Cette approche artisanale explique pourquoi Pagani a pu continuer à produire des Zonda bien après l’arrivée de la Huayra en 2011. La demande pour ces créations uniques ne s’est jamais tarie, au point que la dernière Zonda a été livrée en 2024.
RS vs LH : ne pas confondre
La confusion est fréquente entre la 760 RS et la 760 LH, mais ces deux voitures diffèrent sur plusieurs points essentiels.
La 760 RS est entièrement noire en carbone apparent, dispose d’une boîte séquentielle, et demeure l’exemplaire fondateur de la série 760. Son propriétaire n’a jamais été officiellement révélé, et la voiture reste discrète médiatiquement.
La 760 LH, commandée en 2013 par Lewis Hamilton, arbore une spectaculaire livrée violette métallisée avec des accents carbone. Le septuple champion du monde de Formule 1 a spécifiquement exigé une boîte manuelle à six rapports, considérant que sa McLaren de fonction disposait déjà de palettes au volant. Hamilton souhaitait retrouver le plaisir du levier de vitesses sur route.
Autre différence notable : Hamilton a été aperçu à de nombreuses reprises au volant de sa 760 LH dans les rues de Monaco avant de la revendre en 2021 pour environ 10 millions d’euros. La 760 RS, elle, n’a quasiment jamais été photographiée en action.
Sur le plan mécanique, les deux voitures partagent le même V12 de 760 chevaux et une architecture technique similaire inspirée de la Zonda R. Mais leurs personnalités respectives, définies par les choix esthétiques et de transmission, en font des créations radicalement distinctes.
Rareté, valeur et statut de collection
Un prix à la hauteur de l’exclusivité
Le prix d’origine de la Zonda 760 RS est estimé à environ 1,9 million d’euros, une somme déjà considérable pour 2012. Aujourd’hui, si cette voiture devait changer de mains, sa valeur atteindrait probablement des sommets bien supérieurs.
Le marché des hypercars rares a explosé ces dernières années. À titre de comparaison, la 760 LH de Lewis Hamilton s’est revendue environ 10 à 11 millions d’euros en 2021 après seulement sept ans de propriété et moins de 1 000 km au compteur. La 760 RS, encore plus rare et première de sa lignée, pourrait théoriquement atteindre ou dépasser cette valorisation.
D’autres Zonda ont franchi des paliers similaires lors de ventes aux enchères récentes. La Zonda HP Barchetta, produite à trois exemplaires seulement et vendue neuve 15 millions d’euros, établit le plafond actuel du marché Pagani. La 760 RS se situe dans cette stratosphère financière accessible uniquement à une poignée de collectionneurs mondiaux.
Une pièce de collection ultra-recherchée
Dans l’univers des collectionneurs d’hypercars, la Pagani Zonda 760 RS jouit d’un statut quasi mythique. Son exemplaire unique, son histoire en tant que première 760, et sa discrétion médiatique en font un Graal automobile rarement aperçu.
Contrairement à d’autres Zonda régulièrement exhibées lors de rassemblements comme le Goodwood Festival of Speed ou les rallyes de supercars, la 760 RS demeure invisible. Cette rareté volontaire, cultivée par son propriétaire, accroît paradoxalement sa désirabilité auprès des connaisseurs.
Les registres spécialisés comme l’Exclusive Car Registry documentent méticuleusement l’existence et les modifications de chaque Pagani. La 760 RS y figure avec un historique précis mais laconique, reflétant le mystère qui l’entoure.
Pour les passionnés, posséder une telle voiture transcende la simple acquisition d’un véhicule performant. C’est détenir un morceau d’histoire automobile, le témoignage tangible du savoir-faire artisanal italien poussé à son paroxysme.
Faut-il craquer pour une Pagani Zonda 760 RS ?
Soyons réalistes : acquérir la Pagani Zonda 760 RS relève de l’impossible. L’exemplaire unique appartient à un propriétaire non identifié qui ne semble pas disposé à s’en séparer. Même avec un budget à huit chiffres, il faudrait d’abord convaincre ce collectionneur de céder son trésor.
Mais cette question en soulève une plus large : que faire si une opportunité surgit sur le marché des Zonda ou de la série 760 ? La réponse dépend de votre profil. Si vous recherchez une hypercar utilisable quotidiennement, les Pagani ne sont probablement pas le meilleur choix. Leurs propriétaires parcourent souvent moins de 1 000 km en sept ans de possession.
En revanche, pour un collectionneur passionné disposant des moyens nécessaires et recherchant une œuvre d’art roulante au potentiel d’appréciation considérable, une Zonda 760 représente un investissement aussi émotionnel que financier. Ces voitures ne se déprécient pas, elles s’apprécient.
Le marché actuel favorise cette classe d’hypercars ultra-rares produites à l’ère pré-électrification. Les V12 atmosphériques disparaissent progressivement, remplacés par des motorisations hybrides ou électriques. Dans dix ou vingt ans, le son d’un V12 AMG de 7,3 litres hurlant à 6 000 tr/min sera devenu une relique sonore, un témoignage d’une époque révolue.
Si votre passion automobile vous porte vers ces créations artisanales italiennes et que votre situation financière le permet, suivre de près le marché des Pagani peut réserver d’agréables surprises. Certaines Zonda changent discrètement de mains lors de transactions privées, loin des projecteurs des ventes aux enchères publiques.
Une légende noire gravée dans le marbre automobile
La Pagani Zonda 760 RS incarne l’apogée de l’ère Zonda, ce moment précis où le constructeur de Modène a su transformer sa bête de piste la plus radicale en hypercar routière légale sans rien sacrifier de son essence. Première d’une lignée de cinq créations uniques, elle pose les fondations d’une série qui deviendra légendaire.
Son carbone noir intégral, son V12 atmosphérique de 760 chevaux et son exemplaire unique en font bien plus qu’une simple voiture rapide. Elle représente un choix philosophique, celui de privilégier la fonction sur la frime, la performance brute sur le confort, l’exclusivité absolue sur la reconnaissance publique. Dans un monde automobile de plus en plus standardisé, cette Pagani rappelle qu’il existe encore des artisans capables de sculpter des rêves en fibre de carbone et en titane.
