Dévoilée au salon de Genève 2016, la Pagani Huayra BC représente la quintessence de l’approche artisanale du constructeur italien. Cette version extrême de la Huayra standard affiche 800 chevaux, pèse 132 kg de moins et rend hommage au premier client de la marque. Produite à seulement 20 exemplaires vendus avant même le début de la fabrication, elle incarne la recherche obsessionnelle de perfection qui caractérise Horacio Pagani.
Benny Caiola, le premier croyant
Les initiales BC ne sont pas un simple badge commercial. Elles honorent la mémoire de Benny Caiola, collectionneur automobile américain et tout premier client de Pagani. Décédé en 2010, Caiola a cru au projet d’Horacio Pagani dès les débuts, bien avant que le nom Pagani ne devienne synonyme d’excellence dans le monde des hypercars.
Cette démarche illustre parfaitement la philosophie de la marque : chaque voiture raconte une histoire, porte une âme. La BC n’est pas qu’une fiche technique, c’est un hommage vivant à celui qui a permis au rêve de devenir réalité.
Un moteur V12 AMG revu à la hausse
Le cœur de la Huayra BC bat au rythme d’un V12 Mercedes-AMG M158 de 6,0 litres biturbo, spécialement préparé selon les exigences de Pagani. Ce bloc atmosphérique d’exception pousse la puissance à des sommets tout en conservant une fiabilité irréprochable.
Puissance et couple démesurés
La BC développe 800 chevaux (contre 730 ch sur la Huayra standard) et délivre un couple colossal de 1 000 Nm. Ces chiffres impressionnants s’expliquent par une recalibration complète de la gestion moteur, une optimisation des turbos et un travail minutieux sur l’admission et l’échappement.
Le système de lubrification par carter sec permet d’abaisser le centre de gravité en plaçant le moteur plus bas dans le châssis. Cette solution technique améliore considérablement le comportement dynamique et la tenue de route aux limites.
Une transmission single-clutch assumée
Contre toute attente à l’ère des boîtes à double embrayage, Pagani maintient une transmission séquentielle Xtrac à 7 rapports avec simple embrayage. Ce choix technique permet d’économiser près de 70 kg par rapport à une boîte DCT.
Cette transmission robuste supporte sans broncher les 1 000 Nm de couple du V12. Les passages de rapports, bien que moins fluides qu’un système à double embrayage, offrent une implication mécanique et un caractère brut appréciés par les puristes.
132 kg en moins grâce à l’obsession du détail
La chasse au poids constitue l’ADN de la Huayra BC. Chaque gramme compte, chaque composant est scruté, pesé, optimisé. Le résultat frôle l’obsession : 132 kg gagnés par rapport à une Huayra déjà légère.
Le carbotanium nouvelle génération
Le carbotanium utilisé sur la BC représente une évolution majeure. Ce matériau composite marie des fibres de carbone et des fils de titane tissés ensemble dans la résine. Plus rigide de 20% que la fibre de carbone classique, il offre une résistance exceptionnelle pour un poids minimal.
Le châssis monocoque entièrement réalisé dans ce matériau garantit une rigidité structurelle optimale. Cette base solide permet de travailler les réglages de suspension avec une précision chirurgicale.
Aluminium, titane et finitions artisanales
Au-delà du carbotanium, l’aluminium et le titane se retrouvent partout où leur légèreté fait sens : fixations, suspensions, échappement. Chaque boulon porte d’ailleurs le logo Pagani et un numéro de série gravé.
Le poids total à sec atteint environ 1 218 kg, un chiffre remarquable pour une hypercar de cette puissance. Ce rapport poids/puissance exceptionnel transforme chaque accélération en expérience viscérale.
L’aérodynamique repensée de fond en comble
L’efficacité aérodynamique de la BC dépasse largement celle de la Huayra standard. Les ingénieurs ont redessiné quasiment chaque surface en contact avec l’air, avec un objectif clair : maximiser l’appui sans pénaliser la vitesse de pointe.
Le nouvel aileron arrière fixe domine l’arrière de la voiture. Associé à un diffuseur redessiné avec sept sections actives, il génère un appui colossal à haute vitesse. Les lames avant et latérales complètent le dispositif en canalisant les flux d’air avec précision.
Les quatre flaps aérodynamiques actifs, héritage de la Huayra standard, ajustent en temps réel l’aérodynamique selon la vitesse, l’accélération, le freinage et l’angle de braquage. Ce système révolutionnaire fait de la BC une voiture qui change constamment de forme pour optimiser ses performances.
L’ensemble génère un appui considérable aux vitesses élevées, tout en maintenant un Cx raisonnable. Cette prouesse technique permet à la BC d’afficher à la fois stabilité en ligne droite et agilité en courbe.
Des performances hors norme
Les chiffres de la Huayra BC donnent le vertige. Mais au-delà des données brutes, c’est l’expérience de conduite qui fascine : un mélange de brutalité mécanique et de finesse artisanale.
Accélérations fulgurantes
Le 0 à 100 km/h est abattu en environ 2,8 secondes. Le 0 à 200 km/h demande à peine 8 secondes supplémentaires. Ces performances rivalisent avec les meilleures hypercars du marché, hybrides comprises.
La vitesse maximale culmine à 370 km/h, un chiffre atteint grâce au travail aérodynamique minutieux et à la puissance brute du V12 biturbo. À ces vitesses, les flaps actifs travaillent en permanence pour maintenir la stabilité.
Sur circuit, une référence
Les pneus Pirelli P Zero Trofeo R équipent la BC de série. Ces gommes semi-slick offrent un niveau d’adhérence exceptionnel, permettant d’exploiter pleinement le potentiel du châssis.
Le freinage carbone-céramique Brembo garantit des décélérations brutales et répétables. Les disques de grand diamètre dissipent efficacement la chaleur, même lors d’utilisations intensives sur circuit.
La BC affiche un comportement radicalement plus tranchant que la Huayra standard. Les suspensions raffermies, la direction plus directe et le poids réduit transforment chaque virage en démonstration de physique appliquée.
Une exclusivité déjà vendue avant production
La rareté fait partie intégrante de l’équation Pagani. La marque ne produit que 45 voitures par an, toutes confondues. Dans ce contexte déjà ultra-exclusif, la BC représente le sommet de la pyramide.
Seulement 20 exemplaires de la Huayra BC coupé ont été construits. Le prix unitaire atteignait 2,35 millions d’euros lors de l’annonce en 2016, mais ce chiffre n’a finalement que peu d’importance : toutes les voitures étaient vendues avant même le début de la production.
Ce niveau de demande illustre la position unique de Pagani dans l’univers des hypercars. Les acheteurs ne recherchent pas simplement des performances, mais une œuvre d’art roulante, façonnée à la main dans l’atelier de San Cesario sul Panaro.
Une version Roadster BC a été annoncée ultérieurement, produite à 40 exemplaires. Elle reprend l’essentiel des évolutions de la BC coupé tout en renonçant au toit et aux portes papillon caractéristiques, remplacées par des portes conventionnelles.
La Huayra BC face à la concurrence
En 2016, le paysage des hypercars connaissait une effervescence inédite. La Ferrari LaFerrari, la McLaren P1 et la Porsche 918 Spyder formaient la « Sainte Trinité » des hypercars hybrides, toutes trois combinant moteur thermique et assistance électrique.
Face à ces mastodontes technologiques, la Pagani Huayra BC adopte une approche radicalement différente. Aucune hybridation, aucun artifice électrique. Juste un V12 atmosphérique biturbo, une obsession du détail et une quête de légèreté absolue.
La Bugatti Chiron, lancée la même année, incarne une philosophie opposée : la force brute avec ses 1 500 chevaux et ses quatre turbos. Face aux 1 996 kg de la Bugatti, les 1 218 kg de la BC apparaissent presque éthérés.
Pagani cultive ce positionnement unique : l’artisanat automobile au service de la performance pure. Chaque BC est assemblée à la main, chaque détail est personnalisé selon les désirs du client. Cette approche sur mesure justifie le prix astronomique et le temps d’attente.
Une déclaration d’intention
La Pagani Huayra BC incarne la philosophie d’Horacio Pagani poussée à son paroxysme. Elle refuse les compromis, ignore les tendances et privilégie l’excellence technique au service d’une expérience de conduite pure. Plus qu’une hypercar, elle représente une vision de l’automobile comme objet d’art fonctionnel, où chaque vis raconte une histoire et chaque courbe répond à une exigence aérodynamique. Un manifeste roulant qui prouve qu’au XXIe siècle, passion artisanale et performance extrême peuvent encore cohabiter.

