Pagani Zonda MD : l’hypercar bleue qui refuse de disparaître

La Pagani Zonda MD est l’un de ces modèles uniques qui rappellent pourquoi la Zonda fascine toujours, plus d’une décennie après la fin officielle de sa production. Dévoilée en 2016, cette commande spéciale arbore une robe bleue sur fibre de carbone apparente et cache une histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît. Entre châssis recyclé, statut administratif particulier et performances de haut vol, la MD incarne l’esprit des one-off Pagani : exclusivité absolue et artisanat sans compromis.

Une Zonda qui sort de l’ordinaire

Un one-off aux initiales du propriétaire

La Zonda MD porte les initiales de son propriétaire, Michael Dinan, entrepreneur américain et collectionneur passionné d’hypercars. Chez Pagani, le sur-mesure ne se limite pas à choisir une couleur de peinture. Chaque client fortuné peut collaborer étroitement avec les ateliers de Modène pour créer une voiture entièrement personnalisée, des lignes extérieures jusqu’aux moindres détails de l’habitacle.

Ce type de commande a donné naissance à des dizaines de Zonda uniques au fil des années. La MD s’inscrit dans cette lignée de créations exclusives où chaque voiture devient une œuvre d’art roulante, façonnée selon les désirs de son propriétaire.

Une base technique solide : la série 760

Sous sa carrosserie bleue, la Zonda MD repose sur l’architecture de la série 760, l’une des déclinaisons les plus radicales de la Zonda. Elle embarque le légendaire moteur V12 atmosphérique de 7,3 litres développé par AMG, capable de délivrer 760 chevaux. Ce bloc reste l’un des plus emblématiques de l’histoire automobile récente, célébré pour sa sonorité brutale et sa réactivité exceptionnelle.

Particularité notable : contrairement à la plupart des Zonda 760 équipées d’une boîte séquentielle inspirée de la compétition, la MD dispose d’une transmission manuelle. Ce choix, également adopté sur la 760LH de Lewis Hamilton, traduit une volonté de privilégier le plaisir de conduite et l’implication du pilote. Une décision rare sur une hypercar de ce calibre, et qui renforce son caractère unique.

Ce qui rend la MD vraiment unique

Un style plus épuré que les autres 760

Visuellement, la Zonda MD se distingue par une approche plus sobre que certaines de ses sœurs. La carrosserie en fibre de carbone reste largement apparente sous une fine couche de peinture bleue, laissant transparaître le tissage du composite. Ce traitement donne à la voiture une allure à la fois technique et élégante.

Le capot avant a été entièrement redessiné pour l’occasion. Il intègre des prises d’air élargies et des évents NACA positionnés au-dessus des passages de roues avant, optimisant le refroidissement et l’aérodynamisme. À l’arrière, un imposant aileron en carbone brut domine la silhouette, accompagné d’un scoop de toit également laissé nu.

Contrairement aux livrées agressives de certaines Zonda récentes, la MD ne porte aucun décalque ou sticker de style racing. Elle abandonne aussi l’aileron central caractéristique d’autres variantes 760, ainsi que les évents latéraux arrière, au profit d’une ligne plus fluide et racée.

Les jantes grises mates avec inserts rouges complètent l’ensemble en apportant une touche de discrétion bienvenue face à l’exubérance habituelle du genre.

Un habitacle personnalisé dans les moindres détails

L’intérieur de la Zonda MD reflète le même souci du détail. Les éléments en fibre de carbone du tableau de bord, de la console centrale et des panneaux de portes ont été teintés dans la même nuance de bleu que la carrosserie extérieure. Cette harmonisation visuelle renforce la cohérence esthétique de l’ensemble.

Les sièges sont habillés de cuir brun avec des surpiqûres et des accents en Alcantara beige, créant un contraste chaleureux avec la froideur technique du carbone. Des inserts en aluminium anodisé ornent la console centrale et l’instrumentation, ajoutant une dimension joaillière propre à l’ADN Pagani.

Chaque élément de cet habitacle a été pensé pour créer une expérience sensorielle unique, à mi-chemin entre cockpit de compétition et salon de luxe italien.

L’histoire méconnue derrière la MD

Un châssis recyclé

Ce que beaucoup ignorent, c’est que la Zonda MD possède une histoire administrative complexe. Son numéro de châssis (VIN) provient en réalité d’une Zonda F accidentée et détruite. Pagani a récupéré ce VIN pour donner vie à la MD, une pratique rare mais pas inédite dans le monde des hypercars.

Problème : au Royaume-Uni, ce châssis avait été classé en catégorie B (épave non réparable) par les assurances. Conséquence directe, la voiture ne pouvait pas être immatriculée pour circuler légalement sur les routes britanniques. Elle a donc été conduite avec des plaques provisoires portant le numéro 834 LH, généralement réservées aux professionnels de l’automobile.

Pour permettre son utilisation aux États-Unis, où Michael Dinan réside, la Zonda MD a dû subir des modifications pour se conformer aux normes EPA (Agence américaine de protection de l’environnement). Un processus long et coûteux, mais indispensable pour homologuer ce type de véhicule exceptionnel.

Une gestation longue

Le projet de la Zonda MD a été développé pendant plusieurs années dans les ateliers Pagani avant d’être finalement dévoilé en 2016. Cette longue maturation témoigne du niveau d’exigence et de perfectionnisme appliqué à chaque one-off.

Depuis sa révélation, la voiture est restée extrêmement discrète. Elle a été aperçue à Londres peu après sa sortie, puis a littéralement disparu des radars pendant six ans. En décembre 2024, elle a resurgi de manière inattendue à West Palm Beach, en Floride, provoquant l’émoi des chasseurs d’hypercars locaux. Cette apparition rarissime confirme que la MD circule bel et bien, mais reste l’une des Zonda les plus secrètes jamais produites.

Performances et conduite

Avec ses 760 chevaux délivrés par le V12 atmosphérique AMG de 7,3 litres, la Zonda MD affiche des performances dignes d’une hypercar moderne. Bien que Pagani n’ait jamais communiqué de chiffres officiels pour ce modèle unique, les estimations la créditent d’un 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes et d’une vitesse maximale avoisinant les 350 km/h.

La présence d’une boîte manuelle change radicalement l’expérience de conduite comparée aux versions séquentielles. Les passages de rapports demandent précision et anticipation, rendant chaque accélération plus viscérale. Le pilote devient véritablement acteur de la performance, dans une époque où l’automatisation domine.

Le rapport poids/puissance exceptionnel, combiné à une aérodynamique travaillée (aileron géant, extracteurs, prises d’air optimisées), confère à la MD une efficacité redoutable sur circuit comme sur route ouverte. L’absence d’aileron central améliore la stabilité en ligne droite tout en préservant une allure plus épurée.

Conduire une Zonda MD, c’est vivre l’expérience d’une hypercar d’une autre époque : sans aide électronique excessive, sans hybridation, juste un moteur atmosphérique hurlant jusqu’à 8 000 tours/min et une transmission qui exige du talent.

Pourquoi la Zonda ne meurt jamais

La Pagani Zonda a officiellement cédé sa place à la Huayra en 2011, après douze ans de carrière. Pourtant, en 2016, Pagani continuait de produire des Zonda sur commande. Et même aujourd’hui, en 2025, personne ne serait surpris d’apprendre qu’une nouvelle Zonda unique vient de sortir des ateliers.

Ce phénomène s’explique par plusieurs raisons. D’abord, la demande : certains collectionneurs fortunés préfèrent la ligne plus agressive et le V12 atmosphérique de la Zonda au style plus sophistiqué de la Huayra et à son V12 biturbo. Ensuite, Pagani dispose encore de pièces détachées, de moules et du savoir-faire pour assembler ces voitures à la main.

Les one-off se sont multipliés au fil des années : Zonda 760RS, 760LH (pour Lewis Hamilton), Zonda HH, 760 LM, Zonda Riviera, et bien d’autres. Chacune porte les initiales ou les souhaits spécifiques de son commanditaire. La Zonda MD appartient à cette famille de créations ultra-exclusives qui transforment chaque exemplaire en pièce de collection instantanée.

Financièrement, ces voitures représentent des investissements colossaux. Bien que Pagani n’ait jamais révélé le prix exact de la MD, les estimations tournent autour de plusieurs millions de dollars, en fonction des options et personnalisations choisies. Une somme cohérente avec le niveau de rareté et d’artisanat impliqué.

La Zonda MD résume à elle seule ce que Pagani sait faire de mieux : créer des hypercars uniques où la technique rencontre l’art, où chaque détail compte, et où le client devient coauteur d’une œuvre roulante. Avec son histoire atypique, sa robe bleue envoûtante et ses apparitions fantomatiques, la MD continue d’alimenter le mythe d’une voiture qui refuse obstinément de disparaître.

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koessler.buisness@gmail.com
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