Pagani Zonda Tricolore : 3 exemplaires pour l’Italie

En 2010, Pagani Automobili frappe un grand coup en dévoilant la Zonda Tricolore, une édition limitée à seulement 3 exemplaires créée pour célébrer les 50 ans de la patrouille acrobatique italienne, les Frecce Tricolori. Cette supercar d’exception ne se contente pas de reprendre la base mécanique ultra-performante de la Zonda Cinque : elle y ajoute un design inspiré de l’aéronautique militaire italienne, un carbone bleu saisissant et une exclusivité absolue. Aujourd’hui, la Tricolore est devenue l’une des Pagani les plus recherchées au monde par les collectionneurs.

Une Zonda créée pour honorer les Frecce Tricolori

Les Frecce Tricolori, fierté aérienne italienne

Les Frecce Tricolori (littéralement « Flèches Tricolores ») représentent bien plus qu’une simple patrouille acrobatique. Officiellement connue sous le nom de 313e escadron d’entraînement acrobatique, cette unité d’élite de l’armée de l’air italienne a été formée en 1961. Basée sur la base aérienne de Rivolto, dans le Frioul-Vénétie Julienne, elle prend le relais de plusieurs équipes qui se sont succédé depuis la fin des années 1920.

La patrouille vole sur des Aermacchi MB-339-A/PAN, des biplaces capables d’atteindre 898 km/h au niveau de la mer. Avec 10 appareils (9 en formation serrée plus un solo), les Frecce Tricolori forment la plus grande patrouille acrobatique au monde. Elles incarnent l’excellence technique, la précision chirurgicale et la passion italienne pour la mécanique et l’esthétique.

Un hommage automobile exceptionnel

Pour le 50e anniversaire de cette institution nationale en 2010, Horacio Pagani décide de créer une Zonda à leur image. Pas question de produire une simple version spéciale : la Tricolore doit capturer l’esprit des Frecce, leur élégance aérienne, leur rigueur technique et leur symbolique patriotique.

Le projet s’inscrit dans la série Grandi Complicazioni de Pagani, qui regroupe les créations les plus exclusives et les plus abouties de la marque. Chaque modèle de cette gamme représente le summum du savoir-faire artisanal, de la performance mécanique et de l’expression stylistique. La Tricolore en est l’un des fleurons les plus emblématiques.

Design : quand le carbone bleu rencontre le tricolore italien

Une livrée inspirée des avions de la patrouille

Le premier coup d’œil sur la Zonda Tricolore suffit à comprendre sa filiation aéronautique. La carrosserie arbore un traitement visuel unique : le carbone apparent est recouvert d’un vernis transparent teinté de bleu, créant une finition baptisée « Blu Tricolore ». Cette technique rappelle directement la peinture bleue vif des Aermacchi MB-339.

La partie supérieure de la carrosserie conserve ce carbone bleu brut, tandis que les flancs et certaines zones adoptent une finition carbone plus traditionnelle, créant un effet bitonal saisissant. Sur le capot avant et le long du toit, trois bandes aux couleurs du drapeau italien (vert, blanc, rouge) partent du nez et remontent vers l’arrière, exactement comme sur les avions de la patrouille.

Ce mariage entre le bleu aviation et le tricolore italien transforme la Tricolore en véritable œuvre d’art roulante, immédiatement reconnaissable parmi toutes les Zonda jamais produites.

L’aileron dorsal, signature aéronautique

L’élément le plus distinctif de la Tricolore reste sans conteste son petit aileron vertical placé juste derrière l’habitacle, sur le capot moteur. Cet appendice aérodynamique est une référence directe à la dérive caudale des Aermacchi MB-339 pilotés par les Frecce Tricolori.

Contrairement aux extracteurs d’air présents sur d’autres Zonda (comme la prise de toit de la Cinque), cet aileron possède avant tout une valeur symbolique. Il ne s’agit pas d’une pièce fonctionnelle au sens strict, mais d’un clin d’œil esthétique et émotionnel aux avions qui ont inspiré la voiture. Cette attention au détail illustre parfaitement l’approche d’Horacio Pagani, pour qui chaque élément doit raconter une histoire.

LED et aérodynamique empruntées à la Cinque

La Tricolore partage une grande partie de son architecture avec la Zonda Cinque, dont elle reprend le châssis en carbone-titane, le diffuseur arrière, l’imposant aileron et le splitter avant redessiné. Ces éléments garantissent une appui aérodynamique exceptionnel à haute vitesse.

Mais Pagani innove également : la Tricolore inaugure des feux de jour à LED intégrés sous les projecteurs principaux, une première pour la gamme Zonda. Cette solution technique deviendra ensuite une signature esthétique sur de nombreuses versions one-off ultérieures. Ces LED apportent une touche de modernité à une voiture qui reste fidèle à l’ADN artisanal de la marque.

Fiche technique : les entrailles d’une bête de 670 chevaux

Le V12 AMG 7.3 litres atmosphérique

Sous le capot moteur vitré de la Tricolore rugit un V12 Mercedes-AMG de 7 291 cm³, l’un des plus gros blocs jamais montés dans une voiture de route. Ce moteur atmosphérique (sans turbocompresseur) développe 670 chevaux à 6 200 tr/min et délivre un couple colossal de 780 Nm.

À une époque où les turbos commencent à s’imposer, Pagani fait le choix de l’émotion pure avec ce V12 atmosphérique. La montée en régime est linéaire, progressive, et la sonorité reste l’une des plus envoûtantes du monde automobile. Ce moteur, développé par AMG à partir du bloc de la Mercedes Classe S (Type 140), a été largement retravaillé pour supporter les contraintes de la compétition et de la conduite extrême.

Performances pures

Avec un poids de seulement 1 210 kg grâce à une structure entièrement en fibre de carbone, la Zonda Tricolore affiche un rapport poids/puissance exceptionnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 0 à 100 km/h en 3,4 secondes, 0 à 200 km/h en 9,6 secondes, et une vitesse maximale annoncée à 350 km/h.

Ces performances la placent au niveau des hypercars modernes, tout en conservant un caractère mécanique brut et une connexion directe avec le pilote. Pas d’électronique envahissante, pas d’assistances superflues : la Tricolore reste une voiture pure, exigeante, mais incroyablement gratifiante.

Boîte séquentielle à palettes

La transmission repose sur une boîte séquentielle 6 rapports développée par X-Trac, actionnée par de magnifiques palettes en carbone situées derrière le volant. Ce système permet des passages de vitesse ultrarapides, presque instantanés, sans rupture de couple.

Fait rare et apprécié des puristes : Pagani propose une conversion vers une boîte manuelle traditionnelle à trois pédales. Cette possibilité illustre la philosophie de la marque, qui place toujours le plaisir de conduite et les préférences du client au-dessus des standards de l’industrie.

Zonda Tricolore vs Zonda Cinque : quelles différences ?

La Tricolore est souvent présentée comme une variante de la Zonda Cinque, mais plusieurs détails les distinguent.

Sur le plan mécanique, les deux partagent le même V12 AMG 7.3 litres, le même châssis carbone-titane ultra-rigide, la même suspension pushrod et les mêmes freins carbone-céramique. Leurs performances sont également comparables, avec un léger avantage en vitesse de pointe pour la Tricolore.

C’est au niveau du design que les différences apparaissent. La Cinque dispose d’une prise d’air massive sur le toit pour alimenter le moteur en air frais, tandis que la Tricolore la remplace par le fameux aileron dorsal vertical. Les feux avant intègrent des LED de jour sur la Tricolore, absentes sur la Cinque. Enfin, la livrée : carbone brut pour la Cinque, carbone bleu teinté avec bandes tricolores pour la Tricolore.

Autre distinction majeure : la rareté. 5 exemplaires de Zonda Cinque coupé ont été produits, contre seulement 3 Tricolore. Cette exclusivité extrême fait de la Tricolore l’une des Zonda les plus recherchées de toute la production.

Rareté absolue : seulement 3 exemplaires dans le monde

La Pagani Zonda Tricolore n’existe qu’à trois exemplaires, tous identiques mécaniquement mais numérotés individuellement. Chaque châssis porte une plaque gravée indiquant « Zonda Tricolore X of 3 », garantissant l’authenticité et la traçabilité de ces pièces de collection.

Le premier exemplaire a été commandé par Guarnieri, l’importateur espagnol de Pagani basé à Marbella. À l’origine, cette voiture devait rester unique, avec une plaque mentionnant « 1 of 1 » et des surpiqûres personnalisées aux armes du concessionnaire. Mais le succès esthétique et symbolique du projet a poussé Pagani à en construire deux autres pour répondre à la demande de collectionneurs fortunés.

Les trois Tricolore ont été construites entre 2010 et 2011, marquant la fin de la production « de série » des Zonda avant l’arrivée des innombrables versions one-off qui suivront. Elles représentent donc un jalon historique dans la chronologie Pagani.

Valeur et cote : une Pagani qui bat des records

Prix neuf et évolution

Lors de son lancement en 2010, la Zonda Tricolore était affichée au prix de 1,2 million de livres sterling (environ 1,47 million de dollars à l’époque). Un tarif déjà astronomique, mais justifié par l’exclusivité, la base mécanique Cinque et le travail artisanal de chaque exemplaire.

Ce prix la plaçait parmi les voitures les plus chères du monde, aux côtés de la Bugatti Veyron, de la Ferrari Enzo ou de la Koenigsegg CCX. Mais quinze ans plus tard, la cote a littéralement explosé.

Ventes aux enchères et records récents

En 2025, RM Sotheby’s a proposé aux enchères le deuxième exemplaire de la Tricolore, immatriculé en Allemagne et affichant seulement 1 112 km au compteur. Un kilométrage quasi symbolique qui garantit un état de conservation exceptionnel.

Les experts s’attendent à ce que cette Tricolore dépasse le record de 11,08 millions de dollars établi par la Pagani Zonda LM Roadster en novembre 2024 à Dubaï. Cette dernière détenait jusqu’alors le titre de Pagani la plus chère jamais vendue aux enchères, et même de voiture du 21e siècle la plus chère en vente publique.

Pourquoi un tel prix ? La Tricolore cumule tous les critères qui affolent les collectionneurs : rareté extrême, état neuf, base mécanique Cinque, design iconique, et place unique dans l’histoire Pagani. Elle représente également la dernière Zonda produite en série avant l’ère des one-off sur mesure, ce qui lui confère un statut patrimonial particulier.

Pourquoi la Tricolore est-elle si recherchée par les collectionneurs ?

Plusieurs facteurs expliquent l’engouement des collectionneurs pour la Zonda Tricolore.

L’exclusivité absolue arrive en tête. Avec seulement 3 exemplaires dans le monde, la Tricolore est plus rare qu’une Ferrari 250 GTO (39 exemplaires) ou qu’une McLaren F1 (106 exemplaires). Posséder l’une de ces trois voitures, c’est rejoindre un club encore plus fermé que celui des hypercars classiques.

Le lien émotionnel avec l’Italie et son patrimoine aéronautique joue également un rôle majeur. La Tricolore ne célèbre pas un pilote ou une victoire sportive, mais une institution nationale, un symbole de fierté collective. Ce storytelling authentique et chargé d’histoire séduit bien au-delà du cercle des passionnés d’automobile.

La base mécanique Cinque garantit des performances et une expérience de conduite de très haut niveau. La Cinque est unanimement considérée comme l’une des Zonda les plus abouties, et la Tricolore en reprend tous les atouts techniques tout en y ajoutant une dimension esthétique unique.

Enfin, la Tricolore marque la fin d’une époque. Elle fait partie des dernières Zonda construites dans le cadre de la production régulière, avant que Pagani ne se consacre exclusivement aux commandes spéciales et aux one-off sur-mesure. Elle clôt un chapitre de l’histoire de la marque, ce qui renforce son statut d’icône.

Une supercar qui unit la terre et le ciel

La Pagani Zonda Tricolore reste bien plus qu’une simple variante de série limitée. Elle incarne la rencontre parfaite entre l’artisanat automobile italien et l’héritage de l’aviation militaire, entre la précision mécanique et l’émotion esthétique. Chaque détail, du carbone bleu teinté à l’aileron dorsal en passant par les bandes tricolores, raconte une histoire de passion et de respect.

Aujourd’hui, ces trois exemplaires continuent de fasciner collectionneurs et passionnés du monde entier. Ils rappellent qu’une voiture d’exception ne se mesure pas seulement en chevaux ou en secondes, mais aussi en symboles et en émotions. La Tricolore vole peut-être au ras du sol, mais elle porte en elle un morceau du ciel italien.

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koessler.buisness@gmail.com
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