La Pagani Zonda Cinque Roadster incarne l’une des supercars les plus exclusives jamais produites. Dévoilée en 2010, cette version découvrable reprend l’ADN radical de la Zonda R de circuit tout en offrant le plaisir de la conduite à ciel ouvert. Avec seulement 5 exemplaires sortis de l’atelier de Modène, elle représente un objet de collection ultime pour les passionnés d’hypercars italiennes.
Une déclinaison roadster née d’une demande exclusive
L’origine du projet Cinque Roadster
L’histoire de la Cinque Roadster débute après le succès de la version coupé présentée en 2009. Le projet naît d’une demande formulée par le concessionnaire Pagani de Hong Kong, qui souhaitait offrir à ses clients une alternative découvrable à la mythique Zonda R.
Cette hypercar de circuit, non homologuée pour la route, fascinait les collectionneurs. Mais son usage strictement limité aux circuits frustrait ceux qui rêvaient de la piloter au quotidien. Pagani a donc relevé le défi de créer une version routière en roadster, fidèle à la philosophie maison : chaque modèle fermé mérite sa déclinaison à ciel ouvert.
La Cinque Roadster s’inscrit dans cette logique d’exclusivité absolue. Produite à 5 unités seulement, elle porte fièrement son nom italien « Cinque », qui signifie littéralement « cinq ».
Les différences avec le coupé Cinque
Transformer un coupé hyperperformant en roadster pose toujours un défi de rigidité structurelle. Pagani a dû repenser entièrement le châssis en carbone-titane pour compenser la suppression du toit rigide.
Le résultat est impressionnant : la structure redessinée offre une rigidité comparable à celle du coupé, sans pénalité de poids significative. Le toit amovible se loge sous le capot avant lorsqu’il n’est pas utilisé, préservant ainsi l’équilibre aérodynamique du véhicule.
Horacio Pagani et son équipe ont particulièrement travaillé l’esthétique pour éviter l’effet « austère » que prennent souvent les supercars une fois décapotées. Les lignes ont été affinées, les montants latéraux redessinés pour conserver cette élégance rebelle propre à la marque.
Performances et caractéristiques techniques
Le moteur V12 Mercedes-AMG
Sous le capot arrière trône un V12 atmosphérique Mercedes-AMG de 7,3 litres (7 312 cm³). Ce bloc développe une puissance de 678 chevaux à 6 000 tr/min et un couple de 780 Nm à 5 000 tr/min.
Il s’agit d’une version légèrement retravaillée du moteur équipant la Zonda R de circuit. Contrairement à cette dernière qui culmine à 750 chevaux, la Cinque Roadster adopte une configuration plus civilisée pour l’homologation routière.
Le système d’échappement constitue une pièce maîtresse de l’expérience sensorielle. Conçu sur mesure dans l’atelier Pagani, il combine Inconel (alliage utilisé en aéronautique) et titane pour offrir une sonorité unique. L’énorme prise d’air NACA suspendue au-dessus de l’habitacle alimente le V12 en oxygène tout en créant une symphonie mécanique à chaque accélération.
Boîte séquentielle et transmission
La Cinque Roadster reçoit une boîte robotisée séquentielle à 6 rapports. Cette transmission permet des changements de vitesses en moins de 100 millisecondes, une performance remarquable pour l’époque.
Plusieurs modes de conduite sont disponibles, permettant d’adapter le comportement de la boîte selon l’usage : confort pour la route, sport pour les routes sinueuses, ou race pour exploiter pleinement le potentiel sur circuit.
La transmission intégrale n’a pas été retenue. Fidèle à l’esprit puriste de la Zonda, la Cinque Roadster reste une propulsion classique, les 678 chevaux transitant uniquement par les roues arrière.
Performances pures
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La Pagani Zonda Cinque Roadster abat le 0 à 100 km/h en 3,4 secondes. Le 0 à 200 km/h est franchi en 9,6 secondes, et la vitesse maximale atteint 350 km/h.
Ces performances s’expliquent par un poids contenu à seulement 1 210 kg. Ce chiffre impressionnant résulte d’une utilisation massive du carbone-titane dans tous les éléments de structure et de carrosserie.
Le rapport poids/puissance atteint 523 chevaux par tonne, plaçant la Cinque Roadster parmi les supercars les plus performantes de son époque. À titre de comparaison, une Ferrari 599 GTO contemporaine affichait « seulement » 440 ch/tonne.
Design et innovations techniques
Carrosserie en carbone-titane
Le carbone-titane constitue l’innovation majeure de la Cinque. Ce matériau composite, développé spécifiquement par Pagani, intègre des fibres de titane dans la trame de carbone traditionnelle.
Le résultat offre une rigidité comparable à celle du béton armé, tout en conservant la légèreté inhérente au carbone. Cette prouesse technique permet de garantir la solidité du châssis malgré l’absence de toit rigide.
L’aérodynamique a été soigneusement retravaillée. Le spoiler avant s’étire davantage que sur les autres Zonda, créant une appui accru à haute vitesse. Les extracteurs d’air sur les ailes avant comportent quatre lamelles transversales en carbone apparent, un détail esthétique devenu signature de ce modèle.
Le diffuseur arrière massif canalise les flux d’air sous la voiture, tandis que les nouvelles jupes latérales optimisent la circulation de l’air le long du véhicule. Le fond plat intégral maximise l’effet de sol.
L’imposante prise d’air NACA
L’élément le plus spectaculaire du design reste cette prise d’air monumentale suspendue au-dessus de l’habitacle. Positionnée comme un périscope inversé, elle capte l’air frais pour alimenter directement le V12.
Son design évoque celui des prototypes de course modernes. Au-delà de sa fonction vitale, elle confère à la Cinque Roadster une silhouette reconnaissable entre mille. Les passagers peuvent littéralement entendre le rugissement du moteur s’intensifier à travers cette immense ouverture.
Cette prise d’air illustre parfaitement la philosophie Pagani : chaque élément doit être à la fois beau et fonctionnel. Aucune concession n’est faite à l’esthétique au détriment de la performance, et inversement.
Jantes et pneumatiques
Les jantes monoblocs forgées en alliage d’aluminium et magnésium affichent des dimensions de 19 pouces à l’avant et 20 pouces à l’arrière. Leur design ajouré met en valeur les étriers de freins Brembo surdimensionnés.
Ces jantes sont chaussées de Pirelli P Zero développés spécifiquement pour la Cinque. Les dimensions atteignent 225/35 R19 à l’avant et 335/30 R20 à l’arrière. Ces pneumatiques ultra-performants garantissent une adhérence maximale tout en supportant les sollicitations extrêmes.
Le système de suspension fait appel à des triangles en magnésium et titane, réduisant encore les masses non suspendues. Les amortisseurs réglables permettent d’adapter la hauteur de caisse selon les conditions de roulage.
Habitacle et expérience de conduite
Un cockpit orienté pilotage
L’intérieur de la Cinque Roadster plonge immédiatement le conducteur dans une ambiance de circuit. Le carbone apparent domine l’habitacle, visible sur la console centrale, le volant et même les sièges baquets.
Le tableau de bord associe tradition et modernité. Deux compteurs analogiques circulaires affichent la vitesse et le régime moteur, tandis qu’un bandeau de 16 LED positionné au-dessus sert de compte-tours secondaire. Ce système visuel permet au pilote de gérer le régime moteur sans quitter la route des yeux.
La position de conduite reste très basse, presque allongée. Les pédales sont ajustables, tout comme le volant, pour s’adapter parfaitement à la morphologie du conducteur. Chaque commande tombe naturellement sous la main.
Malgré son caractère radical, l’habitacle n’oublie pas le confort. Les sièges, bien que fermes, maintiennent parfaitement le corps dans les virages rapides. L’insonorisation reste minimaliste : Pagani assume pleinement que le conducteur veut entendre chanter le V12.
Polyvalence du châssis
La Cinque Roadster surprend par sa capacité d’adaptation. Les suspensions réglables offrent plusieurs configurations : relevée pour franchir les dos d’âne urbains, intermédiaire pour la route, et abaissée pour la piste.
Cette polyvalence permet réellement d’utiliser la voiture au quotidien, contrairement à la Zonda R strictement réservée au circuit. Pagani communiquait d’ailleurs sur cette dualité : parcourir les collines toscanes le matin et attaquer le Nürburgring l’après-midi.
Les modes de conduite modifient également la réponse de l’accélérateur, la cartographie moteur et le comportement de la boîte séquentielle. En mode confort, la Cinque se montre presque docile. Basculée en mode race, elle révèle son véritable tempérament de fauve.
Exclusivité absolue et valeur patrimoniale
Seulement 5 exemplaires produits
La production strictement limitée à 5 unités place la Cinque Roadster parmi les voitures les plus rares au monde. Ces cinq exemplaires ont été vendus avant même le début de leur fabrication, tous destinés à des collectionneurs triés sur le volet.
Trois Cinque Roadster arborent une livrée blanche et noire avec une fine bande rouge centrale, évoquant les codes esthétiques des prototypes de course. Un quatrième exemplaire a été livré en Giallo Bahrain, une teinte jaune créée spécifiquement par Horacio Pagani pour un membre de la famille royale de Bahreïn. Le cinquième exemplaire est peint en rouge bordeaux.
Chaque voiture présente des particularités uniques. L’exemplaire jaune, par exemple, constitue la seule Cinque Roadster équipée de sièges Zonda F dès l’origine, plus confortables que les baquets carbone de série. Le propriétaire initial souhaitait privilégier le confort pour ses longs trajets.
Prix et marché
À sa sortie en 2010, la Pagani Zonda Cinque Roadster était affichée à 1,3 million d’euros hors taxes. Ce tarif pharaonique reflétait le travail artisanal de fabrication et l’exclusivité absolue du modèle.
Aujourd’hui, les rares Zonda Cinque (coupé ou roadster) ayant changé de mains aux enchères dépassent largement ce montant initial. En 2019, une Zonda Aether Roadster (dérivée directe de la Cinque Roadster) s’est vendue lors d’une vente RM Sotheby’s pour un montant non divulgué mais estimé entre 3 et 4 millions d’euros.
La valorisation des Zonda ne cesse de grimper. Ces hypercars bénéficient du statut de « dernière génération à moteur atmosphérique », un argument de poids face aux turbos généralisés et à l’électrification croissante. Les collectionneurs les considèrent comme des investissements patrimoniaux sûrs.
Propriétaires et destinée
Les cinq Cinque Roadster appartiennent principalement à de grandes fortunes asiatiques et moyen-orientales. Plusieurs membres de familles royales figurent parmi les propriétaires initiaux.
Certains exemplaires ont déjà changé de mains une ou deux fois, circulant dans les cercles très fermés des collectionneurs d’hypercars. L’exemplaire jaune Giallo Bahrain réside désormais dans une collection privée à Bahreïn, aux côtés d’une Zonda Cinque Coupé orange.
Contrairement à d’autres supercars qui finissent enfermées dans des garages-musées, plusieurs Cinque Roadster sont régulièrement utilisées. Leurs propriétaires n’hésitent pas à les sortir lors d’événements privés ou de rassemblements exclusifs comme le Concours d’élégance de Pebble Beach ou le Goodwood Festival of Speed.
Place dans l’histoire Pagani
Dérivée de la Zonda R
La Cinque Roadster descend directement de la Zonda R, hypercar de circuit dévoilée en 2009. Cette dernière, avec ses 750 chevaux et son aérodynamique extrême, n’était pas homologuée pour un usage routier.
La réglementation européenne interdisait sa circulation sur route publique, obligeant les propriétaires à la transporter sur remorque jusqu’aux circuits. Cette contrainte frustrante a motivé la création de la Cinque : offrir 90% de l’expérience Zonda R dans un format légal sur route.
Pour y parvenir, Pagani a légèrement assagi le moteur, retravaillé les suspensions pour les rendre plus polyvalentes, et ajouté l’équipement minimal réglementaire (feux, rétroviseurs, plaques d’immatriculation). Le résultat reste néanmoins l’une des Zonda les plus radicales jamais homologuées.
Héritage et postérité
La Cinque Roadster a inspiré de nombreux one-off Pagani dans les années suivantes. Des modèles uniques comme la Zonda HH (commandée par le programmeur David Heinemeier Hansson), la Zonda Absolute, ou encore la Zonda Aether reprennent directement son esthétique et ses solutions techniques.
Elle marque également la fin d’une époque. Après la Cinque, Pagani a progressivement conclu la production de la lignée Zonda pour se concentrer sur la Huayra, présentée en 2011. Pourtant, la demande pour des Zonda personnalisées n’a jamais cessé, poussant l’atelier italien à continuer de produire des exemplaires uniques jusqu’en 2019.
Parmi les collectionneurs et passionnés, la Cinque Roadster incarne l’apogée de la Zonda. Elle combine le design intemporel de la première génération avec les innovations techniques les plus abouties. Son statut de « dernière vraie Zonda extrême en roadster » lui confère une aura particulière.
La Pagani Zonda Cinque Roadster représente bien plus qu’une simple supercar de collection. Elle incarne la vision d’Horacio Pagani : fusionner art et technologie pour créer des automobiles uniques, produites en séries microscopiques pour des passionnés capables d’en apprécier chaque détail. Limitée à 5 exemplaires, elle reste l’une des hypercars les plus exclusives jamais conçues, déjà entrée dans la légende de l’automobile.

